Joe Dart s’est imposé comme l’un des bassistes les plus influents de la scène funk contemporaine. Son jeu percussif, son toucher précis et ses lignes groovy en font un modèle pour toute une génération. Plongée dans l’univers d’un maître du groove.
Il y a des musiciens qui nous marquent dès la première écoute. Pas besoin de solo flamboyant ou de production surchargée : une ligne de basse, un groove qui claque, et c’est le déclic. Pour moi, ça s’est passé avec Joe Dart. Je suis tombé sur Dean Town presque par hasard, et en quelques secondes, j’avais lâché tout ce que je faisais pour aller attraper ma basse. Ce mec-là groovait comme personne. Depuis, je le suis de près, fasciné par sa précision, son style et cette énergie contagieuse qu’il dégage sans en faire des tonnes. Si vous ne le connaissez pas encore, il est temps d’y remédier.
Dans le paysage musical contemporain, rares sont les instrumentistes capables de capter l’attention avec un simple riff de basse. Joe Dart, lui, en a fait sa spécialité. Bassiste emblématique du groupe Vulfpeck, ce musicien américain né en 1991 s’est imposé comme une figure incontournable de la scène funk moderne. Son style unique, précis et ultra-groovy inspire aujourd’hui toute une génération de musiciens.
Originaire de Harbor Springs, Michigan, Joe Dart touche une basse pour la première fois à l’âge de 8 ans. Très tôt, il développe une oreille affûtée, attirée autant par les grooves de Flea (Red Hot Chili Peppers) que par la sophistication de Jaco Pastorius. Il passe par des stages d’été au Berklee College of Music, mais ce n’est pas dans les conservatoires que Dart façonne sa voix musicale. C’est dans le jeu, dans l’écoute, dans l’instinct.
Il trouve ses partenaires de route à l’Université du Michigan. Avec Jack Stratton, Theo Katzman et Woody Goss, il forme ce qui deviendra Vulfpeck, un collectif musical aux influences funk, soul et pop, assumant un retour aux fondamentaux : groove, espace, sincérité.
Dès ses premiers EPs, Vulfpeck se distingue par une approche minimaliste, loin des productions hyper compressées du moment. Chaque instrument a sa place. Et celle de Joe Dart est centrale.
En 2016, le titre instrumental “Dean Town” devient viral. Un hommage au "Teen Town" de Jaco, mais à la sauce Vulfpeck : frais, funky, dansant. Le morceau est un tour de force pour Dart, qui y déroule une ligne de basse continue, précise comme une horloge suisse, fluide comme un freestyle. Pour de nombreux bassistes, ce morceau devient une référence. Une nouvelle version du "Canon de Pachelbel", mais pour les doigts qui groovent.
Joe Dart, c’est d’abord un son. Un grain sec, articulé, souvent sans compression apparente. Il joue en général sur une Music Man passive, au doigt, avec une attaque très maîtrisée et un groove chirurgical. Il utilise peu d’effets : tout passe par la main droite, le placement rythmique et le choix des notes.
Il est aussi l’un des rares bassistes contemporains à avoir une signature sonore immédiatement reconnaissable, au même titre qu’un Bernard Edwards (Chic), un Rocco Prestia (Tower of Power) ou un Marcus Miller. Mais Dart ne cherche pas la démonstration. Il cherche la danse dans la musique. Son mantra implicite : si ce n’est pas dansant, ce n’est pas fini.
Son approche radicale du groove a séduit Ernie Ball Music Man, qui lui a dédié deux modèles de basses signature. La première, simplement nommée “Joe Dart”, est aussi épurée que son jeu : un seul micro, un seul bouton de volume. Pas de tonalité. Pas de fioriture. On branche, on joue, on groove.
La Joe Dart Jr., lancée plus récemment, va encore plus loin : pas de boutons du tout. Une basse qui, à l’image de son propriétaire, affirme haut et fort que tout est dans les doigts. Une déclaration de foi minimaliste, saluée par la communauté des bassistes.
Parallèlement à Vulfpeck, Joe Dart participe au projet The Fearless Flyers, un supergroupe instrumental avec Cory Wong à la guitare et Nate Smith à la batterie. Ici, pas de voix, pas d’artifice : juste une démonstration de groove brut, millimétré, funky à souhait.
C’est sur scène que Joe Dart exprime pleinement son art. Il n’a pas besoin de sauter ou de crier : sa basse parle pour lui. Il joue assis, concentré, mais ce qu’il joue fait danser des stades entiers. En 2019, Vulfpeck remplit le Madison Square Garden — sans maison de disque, sans promo classique. Une révolution dans l’industrie, portée par le groove.
Tapez “Joe Dart bass cover” sur YouTube : des milliers de musiciens, de tous âges, tentent de reproduire son toucher, ses lignes, son phrasé. Il est étudié en école de musique, imité sur scène, samplé dans des prods. Il a redonné envie à beaucoup de reprendre leur basse.
Mais plus que la virtuosité, c’est l’approche de Dart qui séduit : simplicité, efficacité, musicalité. Il rappelle que la basse est là pour servir la musique, pas pour briller seule. Une philosophie rare, à l’heure du narcissisme technique.
Joe Dart, c’est un style, une attitude, une rigueur au service de la joie. Il n’a pas inventé le funk, mais il lui a donné un second souffle. Et il nous rappelle, avec chaque note, qu’un groove bien placé peut faire plus que mille solos : il peut faire lever une salle entière.
Pour les amoureux de basse, de funk ou simplement de bonne musique, Joe Dart est bien plus qu’un bassiste : c’est un maître du groove moderne, discret mais incontournable.
À bientôt, ici ou ailleurs !
Chrys